lundi 31 décembre 2007

Yuri, ce saltimbanque napolitain!!

Il était temps que je prenne un peu l'air.
Cet ultime dimanche de fin d'année m'en procurait une occasion. L"hiver glacial des jours précédents laissait place à un vent d'air frais et humide sous l' immense cape bleu du ciel dont la tonalité trahissait cette saison glaciale. Cette douce fraicheur m'encourageait à me laisser aller à cette activité de vagabondage dans les rues de Paris.

Si il est d'une activité de dilettante dont je ne pourrais me défaire, ce sont bien ces balades insouciantes. Errance bohémienne où le temps demeure suspendu à mes humeurs capricieuses et mes inspirations fécondes. Flânerie de petits écoliers dans des rues perdues, j'aime à me retrouver dans ces endroits familiers, retrouver une atmosphère singuliere, humer une odeur particulière. Les lieux c'est comme les amis, j'ai besoin de les retrouver, de savoir si ils ont changés, ce qu'ils deviennent, disait l'artiste photographe Marc Riboud, la comparaison me plait. Cette idée d' itinéraire floue me procure une certaine liberté. L'idée d'être surpris, d'étonner par une rue, un lieu, une vitrine, un monument, un bruit, un rien anecdotique m' inspire cette errance dans les méandres de l'inconnu. J'aime les circonstances hasardeuses. J'aime prendre les lieux au dépourvu.

La vie equilibré ordinaire nécessite une organisation, requiert un minimum de structure. En revanche ma démarche enlève fatalement toute espoir à une quelconque forme d'organisation. Je me laisse emporter par mes ponctuelles impressions, mes vagues sensations ainsi que mes souvenirs instantanées. La liberté est une question de désorganisation.

Ce fut des déambulations dominicales aux allures exploratoires et aventureux; arpenter les trottoirs bruyants, fureter dans les interstices de quelques arrondissements (5ème, 2ème, 8ème, 18 ème, 9ème), se laisser distraire par les méandres des étroites ruelles et braver l'indifference des grands boulevards.

A un moment, en me trouvant vers Montmartre, je suis attiré par une vitrine au 44 Rue Lepic, galérie d'art contemporain, l'ESPACE. Les murs interieurs sont flanqués d'immenses tableaux Pop-Art aux couleurs flashy et eveillent ma curiosité. Je me rends sans hésiter dans ce lieu, antre des artistes contemporains de la butte montmartre. Je ressors plus que satisfait, la visite de cette exposition méritait que je lui consacre une chronique à part entière prochainement.

Vers la fin de ma pérégrination, vers 19h, je suis à St Michel. Prés d'un kiosque en face de la librairie Gibert Jeune. Une voix entonnait à quelques mètres de là des airs qui me semblaient familier, One de U2.
Juste à l'entrée de la rue Huchette du côté de la fontaine, des passants, des touristes sans aucun doute, une bonne trentaine, formaient un demi cercle irrégulier autour de cet artiste de rue, guitare sèche en main, voix suave, mèche rebelle, faux airs de James Dean. Je me rapproche pour prendre part au plaisir commun. L'artiste enchaine successivement de grands classiques universelles (Let it be; Beatles, Hotel california; Eagle, No woman no cry, Bob Marley..) sous les acclamations enthousiastes des premiers curieux badauds et spectateurs provisoires. Etrangement j'en fais parti. Entre chaque titres allègrement executés, le jeune Italien, distille des messages d'amours. Ma sensibilité s'est laissé echoir à cet appel au sentiment les plus nobles.
Le bout de trottoir qui lui servait de scène s'extasiait. Les spectateurs de circonstances mettaient du leurs, applaudissaient, s'enthousiasmaient, rechauffaient dans un même esprit le lieu à ciel ouvert face à la cruauté du froid.

Et puis au bout d'une heure de show le "ZE" moment de surréalisme inouie.

Un énergumène légèrement émèché dans un état plutôt secondaire oscillant entre la lucidité et la folie primaire entre intempestivement sur "scène" avec l'acclamation du pseudo public. Il enchaine danse desarticulée, gesticulation ridicule et offre une dimension comique à ce show. Ce sont les aléas du direct. Mais le summum de ce moment inédit vint lorsque deux chics bourgeoises californiennes accessoirement touristes (ndrl j'ai appris leur identités puisqu'elles se sont présentés)survoltées se sont laissés aguicher tour à tour par l'énergumène sur quelques airs trés rythmés. Joueuses les americaines, oui sans aucun doute. Elles ont surtout démontrés leur absence de complexe, leur joie de vivre et surtout leur totale générosité. Notre héros du jour s'en est pas privé pour leur servir généreusement des caresses buccales sur leurs joues rougis par le froid. Assez burlesque comme situation je dois reconnaitre. Ca paraissait à la fois immonde et charmant, ca dependait sur quel angle on considerait la question.

J'etais heureux d'être là. Le petit cercle d'une trentaine de personnes s'est mué en une enorme masse compacte. C'est sans doute comme tout spectacle de rue que l'on peut rencontrer dans quelques rues de Paris en ces temps de fêtes, mais celui là avait quelquechose de particulier.

Au fond, J'appréciais ce spectacle bon enfant, nous étions là tous rassembler autour de ce jeune napolitain, un ensemble multiculturel, cosmopolite, hétérogène, sans disctinction sociale et d'horizon, tout clivage s'est disloqué le temps d'un spectacle (2H30!!)

J'aime ce Paris là. Tranches de vie croisées un aprés-midi de promenade. Détours dans des ambiances qui ne seront jamais mienne mais dont je m'approprie malgré tout sans scrupule. Petit monde anonyme rassemblé sur un bout de trottoir.

Les couples formés par les "posh" américaines et le gugus pochtronné servaient d' allégorie vivante au message de Yuri le saltimbaque, qui repandait l'amour partout dans le monde avec son seul talent et sa guitare. L'amour transcende toute chose. Qui que vous soyez, combien puisse être votre richesse, s'aimer est plus important que tout. Jai des difficultés dans ce type de discour mais pour l'année à venir c'est ce qui est souhaitable.

J'aime mon époque, tout est possible et Lutèce va énormement me manquer.

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