lundi 7 septembre 2009

Inventaire à mi-parcours

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Alors que je parcourais mon agenda, je revoyais toutes ces pages vierges immaculées, tout ces rendez-vous sans suite, toutes ces notes d’intentions gribouillés dont l’avenir était compromis, puis il y a cette rentrée de septembre que je ne peux occulter, il était temps que je fasse le point, de redessiner les contours de mes perspectives, d’envisager des résolutions si les circonstances l’exigeaient réellement, de dresser des listes, faire le tri, celles de mes erreurs encore inassumés, de mes sinistres lâchetés, de mes suffisances pitoyables, de mes succès insatisfaisantes. Le temps me force à avancer, me tire, me pousse, me bouscule, me tiraille de tout les côtés, j’ai envie de résister, je ne veux pas céder, je m’accroche, je ressens comme une pesanteur sur les épaules, la pression qu’impose une certaine urgence, j’ai envie de fuir, de m’évader, de saisir la première occasion pour partir loin…très loin, loin de tout, je pense à tout ceux qui comme moi forme ce projet à l’instant-même, je leur suis solidaire, ailleurs c’est toujours beaucoup mieux dans les rêves, mais je m’arrête, je refais le tri sur mes idées, mes pensées, je les agence, je les ordonne, je les catégorise, je deviens rationnel, froid, insensible, le cynisme me tutoie, pas de place pour les sentiments, je les placardise un à un, à cette heure-ci je leur décerne un rôle dérisoire, ils ne me seront d’aucune aide, je soulève un à un les voiles de mes lacunes, ces ornières d’hier, d’aujourd’hui et de demain, j’hésite entre la cruelle lucidité et un aveuglement de convenance, aucun des deux ne me convient finalement. Rien n’est jamais acquis me dit-on souvent, vais-je croire à cela ? Je repense aux évènements de ces derniers temps : une brève histoire d’amour follement insensée, une rupture étrange, des êtres chers qui s’en vont, de très belles rencontres trés furtives, des hommes qui pleurent, des femmes presque heureuses en apparence, le plaisir des retrouvailles, et moi dans tout cela je continue à flirter avec ces légères déceptions, ces basses mesquineries, ces vils tromperies lesquels continuent étonnamment à me faire grandir comme si j'étais le même petit garçon qui apprenait ce que c'est que la vie. Je fais durer ma réflexion, profonde, grave, déconcertante, dans ma tête ça bouillonne, ça chahute, les souvenirs d’hier se heurtent brutalement aux évènements d’aujourd’hui, le passé laisse toujours des traces fraiches quelques part, des évènements précis empiètent dans ma mémoire et s’entrechoquent violemment avec ceux que je peine à oublier. Je n’ai pas d’autre choix que de laisser ce gros bordel dans ma cervelle se calmer. En attendant je pense à ces textes que j’ai envie d’exploser sur du papier velin, à ces images éphèmères que je veux traquer, ces vies simples que je vais subtilement voler, ces regards incandescents que je rêve de sublimer…

dimanche 2 août 2009

Le paradis, Eve et moi


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Je vais changer d’air. Je pars au paradis pour revenir en enfer dans quelques semaines, j’exagère mais ça y ressemble. Changer d’air, J’en avais besoin. Je sature. J’en ai plein les couilles de Tana, ces etres aigris, sinistres et tristes, aux conversations oiseuses, ineptes, plates et creuses, ces trottoirs nauséeux, de son immonde saleté, de sa résignation, de ces nouveaux chinois qui nous refourguent leurs camelotes. L’air que je respire, théoriquement, diminue de dix à quinze ans mon espérance de vie, ce qui veut dire que dans vingt ans je serai un macchabé. Pour l’instant personne ne propose de solution, ça n’a l’air de ne déranger personne. Je pars quelque part, dans un lieu où l’on vante sa vocation à attirer les touristes italiens, son tourisme sexuel et sa ressemblance au paradis, c’est amusant ces gens qui comparent ces endroits, certes extraordinaire, au paradis alors qu’ils n’y ont jamais mis les pieds, il faut se souvenir que c’est au paradis, le jardin d’Eden que les premiers emmerdes de l’humanité ont commencé, concupiscence de Eve, la concupiscence c’est très féminin comme vice je trouve. Dans ce succédané de Paradis, je devais rejoindre quelqu’un, une autre Eve, beaucoup moins naïve, plus intelligente, charmeuse et piquante et finalement je vais rejoindre ma propre destinée, qui m’est inconnue, ce qui est bien avec l’inconnue c’est que ça vous donne envie de ne jamais vous arrêter, de marcher ou courir, peut importe mais d’avancer, c’est jamais plié d’avance. La vie prend souvent une tournure bizarre, déroutante qui vous donne le tournis, vous indispose, jusqu’à vous affligez, vous essayez de comprendre quelque chose, mais ce n’est même pas la peine, vous n’y comprenez rien. Ces derniers jours je me suis rendu compte que je suis devenu un homme pressé, blasé, asphyxié par mon époque, j’ai pris la sale habitude de vivre dans l’urgence, je ne me reconnais plus, j’avais besoin de stopper, j’avais besoin de cette parenthèse utile, une parenthèse est souvent indispensable dans ces successions d’évènements souvent angoissantes et intenses qu’on appelle péniblement l’existence. J’ai arrêté de vivre, j’avais exilé ma joie de vivre dans les profondeurs de mon indifférence, j’ai rompu avec la simplicité du plaisir et de l’instantané. Puis hier comme un coup de massue, j’ai ressenti une sensation désagréable que j’ai connu il y a fort longtemps avec des symptômes identiques : estomac noué, cœur brûlant, l’appétit qui vous lâche sans raison apparente, la cause n’est pas vraiment importante dans ce genre de situation, c’est surtout comment en sortir qui importe; un mélange rance de tristesse, de rage, de colère et d’apathie qui ressemblerait à un début de déprime, vous ne savez pas lequel des quatre sensations contrôler en priorité. Bizarrement, je m’en tire bien, il y a ceux qui noient courageusement leur mal être dans l’alcool, d’autres en tirant un coup aux putes, les plus fragiles vont claquer toutes leurs économies chez plusieurs psys, moi j’ai fait différemment les choses, j’aime les mots alors j’avais lu quelques versets dans la bible, qui m’ont fait du bien, plus que du bien, très efficace, l’effet placebo des chrétiens selon les agnostiques, j’ai recouvert une certaine lucidité que j’ai maladroitement perdu depuis quelques temps. Voilà je pars au paradis avec une sérénité qui m’est étrangère, je retrouve le sourire, le calme, la plénitude de l’esprit, je commence à refaire le tri dans mes idées, à faire l’inventaire, dresser des listes, décanter, filtrer, tout s’entremêle, tout s’entrechoque dans le bouillonnement de mes pensées, l’essentiel émerge, se précise, s'agite, se distingue devant la blancheur de ma nouvelle lucidité. Je prends le temps d’écrire, c’est cela être équilibré peut-être. J’ai arrêté de me poser des questions en espérant poser mes valises non loin du paradis. Fort probable que je croiserai Eve, l'autre.




jeudi 9 juillet 2009

Midi.


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Midi. Il fait légèrement frais dehors. Le soleil brille, peine à me convaincre de son utilité. J’hésite longtemps entre penser à quelque chose et ne rien penser du tout. Gymnastique mentale étrange. Je finis par penser. C’est beaucoup moins compliqué. Je traverse la rue en évitant de mettre un pied dans une flaque d’eau sale laquelle restitue de manière déformé mon visage comme pourrait l’être le regard mesquin des gens avec votre propre vie. J’avance. Je regarde droit devant moi ; quelque part des vies humaines, des énergies affluaient de toutes part, époumonaient cette ville, mais je ne voyais rien de tout ça. Je continue de penser et à peser de tout mon poids sur le goudron noir du trottoir. La pharmacie est déjà loin derrière moi. Le lieu où je ne fais habituellement pas mes courses. Certains s’y approvisionnent en vitamines, d’autres moins chanceux en Lexomil et en Xanax, puis d’autres beaucoup plus vigoureux en préservatif. Je suis seul. Autrefois on me disait de m’en déshabituer. Seul. Pas tout à fait. On ne l’est jamais lorsqu’on n’a pas le sentiment de l’être. La présence physique peut être un leurre, un énorme complot fomenté par la succession d'évènements et de circonstances que l'on appelle trivialement la vie. Il arrive souvent d’être bien entouré et de se sentir seul. La solitude peut être sournoise et très cruelle. J’ai quelqu’un dans ma vie. Une chance dites-vous ? Non c’est une bénédiction, l'amour a quelque chose de divin. Ça rassure. Ça donne du baume au cœur. Ça adouci le cœur comme la musique le fait avec les mœurs. Ça ouvre l’appétit. Ça tombe bien il est midi. Puis je repense au passé. Lointain, récent, immédiat. Des milliers de souvenirs casés dans les tiroirs de mes multiples expériences et de mes aventures se bousculent, s’entremêlent, s’entrechoquent puis se disloquent, se fragmentent, s’éveillent aux confins de mes réminiscences. Le passé se redéploie par intermittence dans notre quotidien, tantôt pernicieuse et nous enrages, tantôt drôle et nous faire sourire. Je pense au passé juste pour être plus tendre avec le présent et être beaucoup moins exigeant avec le futur. Savourer chaque coquetterie du quotidien avec une ferveur singulière, de la même manière que pourrait l’être un moine franciscain assidu, discipliné dans sa vie ascétique qui trouverait beaucoup plus de peine à supporter une vie contingentée par la chair.


vendredi 3 juillet 2009

Tana, j'aurai ta peau!!!


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L’hiver a enfin décidé de nous emmerder. Il fait froid, gris, les gens n’ont pas forcément bonne mine et dehors l’odeur rance, pisseux des trottoirs et des bennes à ordures surchargées et fétides n’ont pas changé, la variation de température exerçait finalement une influence presque insignifiante sur l’émanation diffus de ces relents désagréables. Je suis assis inconfortablement dans un de nos taxis locaux, une vieille fiat légèrement cabossée sur l’aile droite arrière, couleur oscillant entre le beige et le blanc cassé, pâle imitation des taxis jaunes New yorkais, le mythe et l’esthétique en moins. Je ne sais pas trop où je vais en sachant que je dois aller quelque part. J’ai juste dit au chauffeur, qui à la tombée de la nuit, devait avoir une gueule à effrayer le diable - ces yeux rouges exorbités troublait son visage très noire, sa familiarité gênante presque commun à ce corps de métier ne le rendait pas non plus sympathique - de me laisser quelque part au centre ville là où cela l’arrangerait. Sur fond de chanson évangélique grésillant nerveusement dans l’autoradio de marque Pionneer, le trajet se déroulait banalement sur les rues cahoteuses, de l’insolente, la bordélique, la fumeuse, la nauséabonde, la frondeuse, la fière de sa piètre grandeur, Tana. Cette ville me fascinait et m’exécrait tout autant. J’ignore ce qui me fascinait réellement, cette ville m’a juste vu naitre, grandir et devenir un homme, rien de plus. Dans cette ville on a envie de tout changer et en même temps on réalise l’inutilité de cette idée. Inutilité qui justifie cette obsession à vilipender avec délectation et mépris toutes les initiatives, surtout les bonnes. Ce matin, j’avais ce sentiment pesant que Tana voulait ma peau, elle s’est ouverte à moi avec beaucoup d’hostilité et de désinvolture, j’ai donc préféré le silence à mon habituelle envie de parler de tout et de donner mon avis sur rien. Au loin s’étend un horizon pâle sans contour, aucune lumière ne filtrait, n’essayait de creuser une brèche à travers cette étendue assommante et grise que l’on n’aimerait pas appeler le ciel, j’ai toujours envie d’associer le ciel à cette couleur bleu pastel qui fait vendre les cartes postales, je commençais à réaliser que les champs des possibles y étaient étroits dans cette cité.

La fiat avançait avec difficultés. Le chauffeur a pensé me faire plaisir en trouvant un raccourci dont il me souffle à la manière d’un vieux monsieur qui a un secret à dévoiler à un jeune garçon qu’ils sont très peu (les chauffeurs de Taxi) à connaître ce chemin, c’est con pour lui mais on est quand même pris dans les bouchons. Je mets mes oreillettes et cherche RFI sur mon nouveau portable High Tech qui sait faire beaucoup de chose. RFI est la seule chaine qui me semble débiter moins de conneries. Dehors les gens se mouvaient comme des automates télécommandés par un type que l’on pourrait appeler résignation, leurs regards lisaient ma curiosité enfantine et la mienne lisait leurs désenchantements, sur le moment je me suis demandé si Nietzsche serait populaire auprès de mes concitoyens qui continuaient à croire en Dieu malgré tout. La journaliste de RFI livrait les dernières actus et moi je m’amusais de voir les gens se vêtir presque tous avec des chinoiseries estampillées grande Marque : Gucci, Dolce Gabana, l’univers du Luxe a envahit ma ville, et ma ville se paye le luxe de niquer les marques….. LVMH a dû le rêver, les chinois l’ont réalisé…c’est peut-être cela le luxe à petit prix…..on avançait….toujours difficilement…. de nulle part un jeune homme tout frêle, s’approchait de ma vitre avec de très belles Rayban pleine les deux mains, belles certes mais fausses. La contrefaçon est devenue un sport national, même les modes de vies sont contrefait. La mode a un coût : accepté d’être faux. Encore heureux qu’il n’existe pas de chirurgiens spécialisés dans la plastique et l’esthétique qui proposeraient scandaleusement des prestations en discount comme au brésil, je n’ose imaginer les dégâts. A mon regard inquiet sur cette réalité vive et crue s’abolissait chacune de mes petites espérances secrètement entretenues. Nous approchons du lieu où le chauffeur du véhicule de la marque italienne a décidé de me laisser sans aucun scrupule. Les crachins s’invitent à ma désillusion naissante. J’éteins RFI. Le chauffeur se gare quelque part et me demande si cela me convient-il. Je lui rétorque juste c’est combien ? Je règle la note et je décide de marcher ...faire quelques pas......penser à m’éloigner, de quoi ? Je l’ignore..... me fondre dans la masse......... me mélanger à ce conglomérat d’anonymes......me laisser observer indécement...... juger par des inconnus....... faire partie de cette plèbe que j’ai envie de mépriser ...........mais j’y arrive pas. D’un pas calme et sûr, j’avance. Je suis devant cette vitrine. Personne ne voit ce que je vois. Je sais que je ne suis pas comme tous ces autres que Tana veut niquer. Ce que je vois derrière cette vitrine me lie à un être et nargue outrageusement Tananarive la rebelle. Tana je te quitterai un jour sans regret, et saches que je te retrouverai avec fierté.

vendredi 26 juin 2009

Un jour d'indépendance j'ai écris ceci



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Il se fait tard, pas assez tard pour me coucher. Dehors les bruits assourdissants des pétards ont cessé, les feux d’artifices ne resteront plus que de vagues souvenirs pour quelques gamins dont les existences précaires ne sont point encore agrémentées d’obscures parures artificielles que les adultes appellent hypocrisie, imposture, tromperie. Il se fait tard et je veille. N. a promis de m’appeler à n’importe quelle heure. J’écris. J’oublie les heures qui passent. C’est une autre forme de snobisme : « oublier les heures qui passent ». N. est une femme préoccupée, une femme qui aime la vie, une femme de nos jours, une femme de mon époque, le genre de femme que je ne peux qu’aimer, j’ai toujours voulu être exigeant avec les femmes à force de ne pas l’être envers moi-même, N. m’a fait oublié cela, N. m’a tout simplement donner envie d’aimer le plus simplement du monde. On a fêté l’indépendance. Officiellement c’est cela. J’ai juste envie d’y croire un peu pour raviver la flamme patriotique qui se meurt en moi. La liberté, l’indépendance sont des sujets qui me sont très chers, à un point que je n’ose pas trop m’y hasarder au risque de les traiter avec trop de légèreté que je pourrais confondre maladroitement avec de la pertinence et de la conviction, j’ai juste envie de dire que le contexte actuel, d’une médiocrité lancinante sans précédent, suscite un certain nombre d’interrogation de surcroit très légitime sur le sens du patriotisme et son ostentation chez un certain nombre de mes contemporains : drapeau en berne ou pas that is the question. La manipulation n’est jamais loin dans ce type de débat très délicat. J’estime qu’il est juste nécessaire de faire abstraction des incitations et autres velléités des uns et des autres et de se rappeler qu’une nation est tout simplement sacrée.
Samedi dernier, fête de la musique, j’ai rencontré un écrivain malgache, le premier que je rencontre d’ailleurs, j’ai oublié son prénom, Jean-Luc je crois…le mien je doute fort qu’il s’en souvienne, on sympathise vite fait, il est attendu par d’autres personnes, d’autres artistes, j'ai remarqué que les artistes aiment se faire attendre, j'ai horreur de cela, nous sommes dans un café –restaurant, sur l’avenue de l’indépendance, je lui parle de certains de mes projets d’écritures, dont entre autre l’idée d’une revue littéraire, il n’a pas vraiment l’air de faire attention et rebondit brutalement sur son projet de recueil de nouvelles, dans lequel il me propose de venir assister à la séance d’information-discussion, qui réunirait des écrivains malgaches, ça y est je vais m’incruster, faire intrusion dans le cercle très fermé de la littérature malgache, sur le moment j’étais emballé, d’ailleurs la thématique du recueil serait la femme, un sujet à la fois délicat et excitant, après deux trois jours de réflexion, je me suis réellement demander si je ne suis pas entrain de m’ embarquer dans une aventure au-dessus de mes moyens, de mes capacités littéraires, n’ai-je pas surestimé ce que j’appelle mon talent en acceptant d’assister à cette rencontre avec de vrais écrivains confirmés? et puis merde tant pis !! il me fallait sortir de ce carcan confortable de bloggueur et me frotter à l’exigence narcissique et manifestement exposé du moule littéraire.

samedi 20 juin 2009

Etrange battement de coeur

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9h 35. Il est samedi. Il fait beau. Un temps à rien faire et à profiter de tout comme de rien. Il repense aux derniers évènements de la semaine. Il repense à cette fille. Elle s’appelle N. Leur rencontre n’avait rien de commun, très peu habituel, cependant très contemporain, dans l’air du temps, il le savait de toute façon, tout ce qui lui arrive, n’arrive jamais aux autres, tout ce qui lui arrive, étonne toujours les autres. Rien n’était commun dans sa vie. Ce qui était commun chez les autres le rebutait, il avait érigé la singularité comme mode de vie, toujours aller à contre-courant comme art de vivre, l’étrangeté de leur rencontre n’a laissé personne indifférent, ni même lui. Lieu de première rencontre, dans un aéroport triste et austère, qui donnait envie de vite partir et de ne jamais revenir, d’ailleurs très peu bondé, il comprenait mieux les longues files d’attentes devant l’ambassade de France et du Liban. Elle du haut de ses louboutin, mince, élancé, aérienne, légère, tout de blanc vêtus, brillait de cette existence qui la rendait divine, le harassement de son voyage de deux heures n’a en rien altérer les traits réguliers de son visage lumineux, son minois angélique tranchait manifestement avec les mines renfrognés des gens présents. Premier regard échangé. La machine de séduction se mit en marche. Ils savaient tout les deux ce qui les attendaient, ils le redoutaient avec délectation, alors que certains luttaient contre certaines angoisses, eux s’en laissaient stimuler allègrement. Ils avaient un point commun : le goût du danger, cette fois-ci ils étaient prêts à le partager, ce danger qui les extirperait de leur quotidien ordinaire, ce danger dans seul le cœur en avait le secret. Son cœur battait anormalement. Y avait de quoi. Il ne s’en inquiétait pas outre-mesure. Si c’était une femme quelconque, ça l’inquiéterait beaucoup plus, mais N. ressemblait à ces femmes inaccessibles qu’il méprisait secrètement pour la simple raison qu’elle lui rappelle certaines filles qui l’ont rejetés dans une époque plus lointaine. Premier sourire échangé. Lui avare en parole, elle avide en regard. Puis les jours se suivirent. Ils ont arrêté le temps. Ils l’ont suspendu à leurs désirs de vivre, d’aimer. Ils se découvrirent librement, se parlèrent avidement, se regardèrent légèrement, se dirent des choses profondes, s’embrasserent fougueusement, se touchèrent affectueusement. L’amour naissant devait se résumer à cela.

Il repense à cette fille et se demande vraiment ce qui lui arrive.

vendredi 5 juin 2009

Fiction: Il a suffit d'un regard

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Cette femme il l’aime. Pour vous dire tout s’est joué au premier regard. Les femmes il en a connu des biens, des moins biens, des bonnes et des moins bonnes, suffisamment pour ne plus avoir rien à regretter. Combien ? il n’en a aucune idée, il n’est pas du genre à comptabiliser, faire des comptes c’est pas son truc, une chose est sûre : les prénoms de ses ex s’empilent comme les ouvrages de sa bibliothèque en bois mélaminé dans le répertoire téléphonique de son vieux Siemens les unes au-dessus des autres, ces prénoms il les connaît par cœur, il les a tous sauvegardés, il a tenus à les garder en mémoire, ces histoires courtes ou longues qui ont fait de lui, c’est selon, un connard ou un chic type, il n’a jamais pensé à les supprimer complètement de sa vie, même celles qui l’ont poliment ou cruellement dégagés de leurs existence ordinaires, à coup de longues lettres étudiées, d’un tête à tête douloureux ou de sms sec, d’ailleurs ces prénoms sont les dernières reliques qui lui restent de ces femmes, mais jamais il ne pensera plus à rappeler l’une d’entre elles, les histoires sérieuses qui se comptent en mois côtoient les flirts et passades qui n’ont duré que quelques semaines ou quelques heures dans ce même répertoire gris, froid et impersonnelle comme dans un musée d’une grande métropole où les expositions itinérantes contemporaines narguent les grandes œuvres de maitres classiques, nos vies amoureuses sont d’immenses musées froids qui ne se referment jamais vraiment où l’on se laisse parfois étourdir par le courant d’air des souvenirs. Son regard a croisé le sien, ou peut-être l’inverse, il s’en souvient plus, enfin il pense que cela s’est passé comme cela, il est certain, leur premier regard avait quelque chose de bouleversant, de romantique. Tant pis si ce ne fut pas le cas, lui pense que ce fut ainsi, c’est ce qui compte. Tout s’est joué au premier regard mais tout semblait s’être estompé, suspendu, figé au premier regard. Il ne sut plus quoi faire après ce premier regard, ce mouvement des yeux d’à peine cinq secondes qui définirait l’agenda de ses pulsions émotionnelles, de ces émois sentimentales des prochaines décennies. Minois angélique. Sourire éclatant. Dents harmonieusement agencés aussi brillantes que de la porcelaine chinoise. Grain de beauté aguicheur à l’extrémité de la lèvre supérieure. Longues mains raffinées apprêtées aux longues et tendres caresses de nuits extatiques. Voix feutrée légèrement aristocratique. Elle est une espèce rare, sans fard, elle se distingue, naturelle, elle vous fait croire à l’impossible, aux contes de fées, à cendrillon et à toutes ses histoires qui font croire aux petites filles que les princes charmants existent, que même les grenouilles deviennent des princes, que vous êtes un potentiel prince charmant. Elle replace une mèche, détourne son regard espiègle, l’air de chercher quelque chose, quelqu’un, elle est ailleurs, lointaine, puis avec la même langueur elle ramène sa coupe de kir sur ses lèvres roses pourpres et fins, du bout des lèvres avale presque une goutte du liquide brillant et grenâtre, et roule ses deux prunelles noisettes juste en face des siens. Il attendait cela presque comme si ce fut une éternité, oui ces cinq secondes valaient une éternité comme milles ans en valent une minute dans les cieux. Elle le regardait désormais avec ce sourire timide qui vous presse de balancer un mot, rien qu’un mot. Lui l’observe, l’examine sur toutes les coutures, aucun détail ne lui échappes, ces moindres mimiques, les mouvements de ces cils, ces cheveux qui voletaient avec hésitation, il les a disséqués de manière presque clinique et casés tout ces détails quelque part dans sa mémoire à moitié imprégnée par cette créature presque onirique. Puis ramenant sa nervosité à une fausse quiétude, il lui demande un peu maladroitement pourquoi est-elle aussi rêveuse, au fond il aurait voulu lui demander à qui penses-t-elle si elle ne pensait pas à lui à l’instant même ? Elle lui répondit d’un ton minaudier : « à personne » suivi de ce même sourire timide, presque agaçant pour la circonstance, qui immédiatement lui a fait regretter d’avoir posé une question aussi stupide ?


Cinq minutes de silence, d’ennui et de pesanteur plus tard, elle lui lança comme ça un peu narquois : « et toi dis moi à quoi tu penses pourquoi tu ne dis rien? »

Il lui répondit très naturellement- parce que pour la première fois il voulait avoir des couilles, il se souvient, ça l’a profondément marqué ce petit mot de rupture laissé par une ex qui lui disait très lapidaire : « pour aimer il faut avoir des couilles chéri, bon vent »- en lui pénétrant du regard : « Je pense à moi qui te regardes, et qui ne sait quoi te dire de séduisant, bref à toi ».

Il savait que ce qu’il venait de lui dire était plus beau que tout ce qu’il aurait eu envie de lui dire.


dimanche 24 mai 2009

Fiction: Chronique d'une soirée ordinaire

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Encore tôt.

Il n’aime pas les mondanités, il le sait bien, il ne peut s’y soustraire, resté cloitré chez lui ressemblerait à une mort lente, à un suicide à petite dose. Les nuits se suivent mais ne se ressemblent guère, l’ennui y ressemble étrangement avec sa morphologie à plusieurs symétries: parfois folklorique, parfois morbide, parfois glauque, parfois joyeux. Tuer l’ennui, c’est son ultime priorité dans cette parenthèse mondaine, alors que d’autres s’obstineraient inlassablement à rechercher le plaisir absolue - avec dépit finalement - comme la quête d’un graal. Lui éliminerait ces tranches d’existences nocturnes avec beaucoup de méthode, de régularité et de finesse qu’un sérial killer. Il sait ce qui peut changer la tournure, la donne d’une soirée : une femme, rien que ça. Pas n’importe laquelle. Pas celle qui vous regarde toute la soirée du coin de l’œil sans savoir trop ce qu’elle va pouvoir répondre de séduisant quand vous lui daignerez adresser la parole. Pas celle qui sait qu’elle n’a strictement aucune touche avec vous, même par pitié, puisque loin des canons de beautés esthétiques imposés par vous lecteurs et lui, et accessoirement par les magazines à papier glacé qui abrutissent les clientes des salons de coiffures, toutefois elle prend quand même le risque d’être hyper-ultra-méga gentille (quoique la gentillesse n’est plus une qualité requise chez une femme !) pour masquer ce dont elle est largement dépourvue. Sa devise à elle c’est naïvement : « qui ne tente à rien n’a rien », avec cette certitude aveugle que ca marchera toujours, il sait que dans ce genre de situation, il préfère s’abstenir de deviser avec ces filles que l’on qualifie injustement de moche, ça leur rendrait plutôt service pense-t-il non sans rire, c’est son côté mère Theresa. Il pourrait aussi être tenté par celle avec une plastique généreuse, un visage intéressant et un déhanché extrêmement lascif sur fond de salsa. Mais non, niet, nada. Lui avait besoin d’être fasciné par une beauté singulière, venue de nulle part, il aime s’infliger une certaine exigence cornélienne. Cette femme, au premier regard emballera sa soirée comme un rouleau compresseur, son existence dés lors trouvera absurdement un sens, celle de savoir qu’une femme, peut-être un peu cliché, physiquement passable, ouvertement chiante lui plairait sans chichi ni fioriture. Le lieu, un bar, connu des abonnés mondains. La faune, tout ce qui avait de quelconque pour une personne habituée des bars hype des grandes métropoles, et d’un autre côté tout ce qui avait de branché, pour un provincial, un parvenu (fils de nouveau ministre malgache par exemple) ou un jeune post-pubère, récemment adulte qui découvre le monde de la nuit avec une naïveté effrayante. Le monde de la nuit est un centre d’observation anthropologique et sociologique extraordinaire, Bourdieu y prendrait son pied. Le reflet d’une société décadente concentrée sur soixante dix mètre carré sous les lumières absorbantes de quelques projecteurs et des volutes de fumées étouffantes. Il avait particulièrement remarqué un type au physique un peu bizarre, difforme, une tarlouze vraisemblablement. Ce mec devait souvent connaître les affres de la position à quatre pattes, abonné sodomite passif, il parierait que cet invertébré serait incapable de se tenir droit comme un i. La soirée était meublée par quelques jeunes demoiselles aux visages purs et candides qui donnaient des idées impurs à certains vieux ridés occidentaux en quête d’exotisme. On n’est pas loin d’une ambiance typiquement Houellebecquienne. Puis il y a cette jeune fille, parce qu’il y a toujours une jeune fille qui vous plait dans une soirée. Jadis dans un passé très lointain, dans son extrême jeunesse, cette jeune fille aurait été cruellement inaccessible. Aujourd’hui, lui semble jouer le rôle de l’homme inaccessible, et regarde avec amusement, un jeune homme, seul avec sa demi-pinte de THB, avachi sur sa chaise, tiraillé entre l’insouciance de sa jeunesse et la tristesse d’une vie absurde, observant concupiscent, toute ses filles inaccessibles. A l'inverse de ce jeune homme, lui se pose d’autre question, plus con, plus égocentrique : pourquoi chercher à déplaire à une demi-douzaine qui s’intéresse à lui, et vouloir séduire une qui semble complètement l’ignorer ? Revenons à cette jeune fille que l’on appellera Noémie, Petula, Cassandre, Mathilde ou Fanja, un des prénoms que porteraient ces progénitures, elle lui rappelle une actrice, Bérénice Bejot dans OSS 117, son visage aux traits réguliers, mi espiègle-mi candide, des airs de midinettes des années soixante, elle figurerait bien dans un remake de Grease dans lequel il jouerait volontiers, de très jolies mains accompagnaient chacun de ses mouvements pleins de grâce absolue, rien ne lui échappait, même son doux regard rêveur qui devait penser à un autre que lui, lequel devait certainement être avec un autre qu’elle. Il savait qu’il avait tout son temps. La maturité tempère des ardeurs parfois stupides. Il évitait soigneusement de croiser ses yeux charmeurs, un jeu qui l’amusait comme un gosse, comme s’il disposait d’un troisième œil, rien ne filtrait à son regard vif, aucune démarche de séduction, pas d’approche aux motivations ambigües, juste deux, trois sourires échangés, qui valaient à elle seules de longues discussions et gesticulations inefficaces.

Très tard.

Ils partirent. Juste une phrase jetée comme un appat dans un lac possoinneux aux creux de ses oreilles. Anodin, sans conséquence sur le moment, lui sait qu’un mot dans sa plus grande légèreté peut bouleverser toute une vie.

samedi 9 mai 2009

Fiction: L'étrangère


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Dedans. Cerné, conquis, elle le surprit, Il la suivit. Une mèche rebelle soumise, un filet de larme retenu, un sourire jeté en pâture, des détails qui n’en sont plus uns. Son cœur vacille entre le trouble de la première minute et l’espoir des milles à venir. Rencontre inespérée dans un bar, elle, juste pour un verre, lui pense que ce n’est jamais pour un verre comme ce n’est jamais pour un soir. Sous des paupières espiègles miroitaient ses yeux canailles. Ses yeux, tout un programme de séduction : l’ondulation sagace de ces cils, deux jolies prunelles en forme de noisette, des sourcils noirs de jais en éventails. Dehors. Elle marcha à ses côtés, joyeuse comme une tourterelle au printemps, mutine, elle narguait sa simplicité de sa coquetterie enfantine, rieuse, tout lui semblait drôle; son cœur qui battait jusqu’à l’affolement, sa main qui tremblait presque comme une feuille morte, la rougeur naissante de ses pommettes, de sa bouche sensuelle jaillissait comme un Jeyser un rire pince-sans-rire. Ce genre de femme là, on aimerait s’en méfier, leur bonheur nous indispose, leur plaisir nous ennuie, leur gaieté nous agace et puis on finit par s’y habituer de ses exaltations dithyrambiques. Naïade empourprée, déesse des rues sauvages, sylphide de contrées exotiques, sa silhouette l’obsède. Il était un roi Perse tandis qu’elle était sa Babylone, mais ce fut elle qui le possédait, les rôles n’en finissent pas de s’inverser. Les pensées l’encombrent, elles se bousculent tel un essaim d’abeilles butineuses. Faire le tri absolument. Tout avait l’air important dans ce qu’il pensait, puisque tout le ramenait à elle. Elle prit sa main dans un élan de joie et d’enthousiasme naturelle. Une décharge de frisson électrique traversait son corps de la tête au pied, il avait lu ça quelque part dans un roman d’une mièvrerie assommante, cette histoire de frisson lors du premier contact physique. Ces mains très douces glissaient dans les siennes presque moites, et ils poursuivirent leur bout de chemin comme deux amoureux en goguettes alors qu’il s’interrogeait s’ils allaient réellement l’être. Il redoutait le moment où il allait laisser librement respirer ces doigts fins, oblongues, interminables, ces doigts d’une beauté titienne, ces doigts qui allaient peut-être parcourir son corps, peut-être des pieds à la tête cette fois-ci, des doigts fureteurs, des doigts malices, des doigts coquins et soumettre son âme à des volontés farouches et déraisonnables. Puis elle s’arrêta brusque comme une gamine capricieuse, lâcha sa main, sorti une étui à cigarette couleur chrome, pris un briquet en plastique noir, alluma une fine tige de Marlboro light, et aspira une grosse bouffée de fumée, elle était exquise, fallait la voir la gamine, il aurait voulu qu’elle le refasse ce geste, pour la beauté du geste comme seuls sont capable de le dire savoureusement les commentateurs sportifs, aussi juste pour qu’il l’immortalise en cliché noir et blanc, monochrome, à accrocher, punaiser, fixer sur le mur lézardé de sa piaule, la seule et unique fois où il mériterait de prendre en photo une femme qui le tourmentait, ce mot « tourmenter » sonner étrangement dans sa bouche, pour elle, il serait un piètre Helmut Newton, dans son cas ce serait déjà une flatterie énorme. Ce visage faussement candide, caché derrière ces volutes de fumée transparent, feignait une effronterie calculée. Il inspira longuement, courageusement repris sa main et grand ouf elle se laissa faire. Ils marchèrent à la lisière de son silence et de ses babilleries incessantes, ils étaient heureux, elle, heureuse de vivre, lui, heureux d’être juste à ses côtés, au fond il reconnaît comme par lucidité être le moins enviable. La femme se distingue de l’homme généralement à sa loquacité, elle a des idées sur tout, sa verve grandiloquente se heurtait à ses silences fascinés, il osait deux, trois mots à la hauteur de son esprit vif, tranchant, il risquait des réponses qu’il jugeait inutile mais intelligente, sans trop réfléchir, oh Dieu sait combien il avait naturellement plus de répondant, elle osa lui dire un truc du genre : « tu me fais rire… je t’aime bien …. tu es drôle », il ne sut comment le prendre, mais il le prit de telle manière à ce que leurs dialogues s’enchainent encore de manière fluide. « Où allons-nous ? » demanda-t-il très naïvement, elle lui esquissa juste un sourire qui creusait largement ses pommettes saillantes tel un immense détroit sans fin. Après quelques secondes de silences elle le fixa du regard comme si elle allait annoncer quelque chose de très important, (au fond il s’attendait à ce qu’elle lui dise quelque chose de très important pour leur sort commun !) elle avait ce regard presque grave, et qui inévitablement provoque une réaction intérieure, un chamboulement inconscient et nerveux à la personne regardée, mais disproportionnée par rapport aux propos tenus: « on va chez moi » dit-elle avec un sérieux tout empruntée. Automatiquement tel un reflexe pavlovien, des milliers de questions capitales sur ce type de situation refluèrent dans son esprit : « vais-je rester ? », « comment saurais-je si elle veuille que je reste ? », « serais-je toujours à la hauteur si je reste chez elle ? » etc. Ce « on va chez moi » décupla son tourment, et elle ne faisait rien, ne disait plus rien de plus pour le soulager, ni lui d’ailleurs, il s’est enfermé dans un mutisme stupide, en vrai abruti qu’il était. A quelques encablures de sa demeure, ruelle étroite lacérée atrocement par les stigmates des débris de solitudes, trottoirs pisseux hostiles éclairés passablement par un poteau électrique légèrement courbé, inclinaison à la tour de pise, portes barricadées sur des réalités noires, fenêtres décaties protégeant des lambeaux de vies mornes, murs survivants à l’inspiration sauvage d’artistes plaintifs, quelques corps du désespoirs allongés dans de grandes couvertures sordides - ils se sont tût depuis un laps de temps - elle désigna de son index droit son appartement ; immeuble ordinaire sur trois étages, orné exclusivement de balconnette en fer forgé. Sur le seuil d’un minuscule couloir, elle lui dit avec un sourire gêné : « merci», rien de plus, et puis quoi, à quoi pouvait-il s’attendre. Elle lui chiffonna son numéro de portable avec une précipitation désespérée sur un faux kleenex, lui déposa un baiser tendre sur la joue comme une jeune mère le ferait à son fils de quatre ans et s’engouffra avec cette démarche aérienne qui lui était propre dans un couloir très sombre. Comme dans les films il se sentait un peu con, tout seul, abandonné. Il attendait qu’elle se retourne pour voir si elle pensait qu’il la regarderait rentrer chez elle mais rien, non rien.

Son regard c’est tout ce dont il se souvient. Ce soir dans son lit, les yeux rivés sur son plafond, comme les cinq chiffres fétiches d’un parieur du PMU, tout ce dont il espérait, tenait plus qu’à dix chiffres sur un morceau de mouchoir en papier tout froissé.

vendredi 1 mai 2009

Diner Littéraire


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Au réveil ce matin, après m’être gratifié de quatre heures de sommeil paisible, je me suis dit que ce premier jour du mois de mai méritait un post qui me rendrait fier un jour d’avoir créé ce blog. Hier soir, un dîner fort convivial réunissait quelques personnes chez H. J’avoue que ce type de rassemblement simple et chaleureux entre gens de bonnes moralités, de bonnes familles et de bonnes éducations me manquaient quelque peu, c’est aussi rare que de trouver un politicien intègre à Madagascar de réunir toutes ces critères dans une seul personne et encore plus parmis toutes les personnes présentes dans une telle réunion, le seul risque redouté serait-ce sans doute l’ennui puisque nous étions les uns des autres plus ou moins formatés dans le même moule. J’ai toujours trouvé intéressant de discuter avec des gens sain de corps et d’esprit, en apparence qui semblent être dépourvu de tout inquiétude matérielle et existentielle, vivant une existence des plus enviables et finalement se posent ces mêmes questions que je n’ose même plus me poser à force de m’inventer des réponses contradictoires, celles que j’ai envie d’appeler grossièrement des « interrogations de nantis », l’indigent ne se pose pas ses questions tant qu’il a son bol de riz trois fois par jour, cela lui suffit pour être heureux, une suffisance stoïque que je m’efforce d’acquérir. Un dîner réussi c’est un dîner doté d’un bon vin (conception très française bien sûr, pas forcément partagé par mes amis malgaches). Contrairement à ce que peuvent penser la plupart des gens, l’abondance d’alcool ne garanti pas la réussite d’un repas festif ou même de toute rencontre estampillée convivial. Un dîner réussi c’est secundo une bonne assiette, un met fédérateur, un plat qui met tout le monde d’accord, d’ailleurs je commence à reconnaître à notre amphitryon un talent de chef naissant, et trés surprenant, pratiquement toutes nos conversations convergèrent inévitablement autour de la culture, une première victoire sur les conversations futiles et superficielles qui ont peuplé mon existence. Dans le contexte actuel, force est de constater que la culture reste et restera le dernier rempart contre la barbarie humaine, d’ailleurs si on pouvait faire lire le « voyage au bout de la nuit » de Céline à ces quelques militaires dénués de tout humanité, c’est rendre un grand service à notre nation. Régner par les armes, la terreur et la violence ne sert strictement à rien, les tyrans de tout espèce l’ont fort bien compris, acculturer une population c’est servir leurs propres intérêts. Tertio la qualité de la conversation est le dernier critère de réussite d’un dîner ; en effet quoi de plus réjouissant que de pouvoir deviser sur des auteurs et des livres que l’on a lu. Il est rare que je puisse avoir une réel discussion sur la littérature - dans nos contrées, c’est trivialement une distraction de l’élite bourgeoise et encore !!! - de trouver des personnes dotées de fortes cultures littéraires avec qui je puisse partager des moments forts de lectures, des émotions particulières, échanger citations et aphorismes transcendants, mais également qui puissent me porter la contradiction comme hier soir justement où des auteurs contemporains ( Houellebecque, Beigbeder…) pour lequel j’ai beaucoup d’estime ont été l’objet de critique violente ( discutable bien évidemment !!) pour des raisons stylistiques et esthétiques, sur les thèmes abordés et sur la qualité de leurs œuvres en générales. Ces critiques bien pensantes je les ai entendus et lus maintes fois, je reconnais surtout une différence réelle et caractéristique sur la perception de ce que doit être la littérature d’aujourd’hui. Et pour répondre à mon brillant et ami interlocuteur, j’estime que la littérature ne doit pas s’engoncer dans une rhétorique désuète, dans une syntaxe sophistiquée, dans un français d’académicien et pédant qui date du siècle dernier, « OK soyons snob mais pas de cette manière voyons mon cher !!», la littérature doit vivre pleinement son époque, à mon sens elle possède une vocation importante c’est celle d’ouvrir autrement le monde, ses joies et ses travers ( tel que les auteurs les perçoivent) à ceux et celles qui ont l’esprit ternis par les écueils d’une existence ordinaire et morne, comme moi finalement.