dimanche 2 août 2009

Le paradis, Eve et moi


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Je vais changer d’air. Je pars au paradis pour revenir en enfer dans quelques semaines, j’exagère mais ça y ressemble. Changer d’air, J’en avais besoin. Je sature. J’en ai plein les couilles de Tana, ces etres aigris, sinistres et tristes, aux conversations oiseuses, ineptes, plates et creuses, ces trottoirs nauséeux, de son immonde saleté, de sa résignation, de ces nouveaux chinois qui nous refourguent leurs camelotes. L’air que je respire, théoriquement, diminue de dix à quinze ans mon espérance de vie, ce qui veut dire que dans vingt ans je serai un macchabé. Pour l’instant personne ne propose de solution, ça n’a l’air de ne déranger personne. Je pars quelque part, dans un lieu où l’on vante sa vocation à attirer les touristes italiens, son tourisme sexuel et sa ressemblance au paradis, c’est amusant ces gens qui comparent ces endroits, certes extraordinaire, au paradis alors qu’ils n’y ont jamais mis les pieds, il faut se souvenir que c’est au paradis, le jardin d’Eden que les premiers emmerdes de l’humanité ont commencé, concupiscence de Eve, la concupiscence c’est très féminin comme vice je trouve. Dans ce succédané de Paradis, je devais rejoindre quelqu’un, une autre Eve, beaucoup moins naïve, plus intelligente, charmeuse et piquante et finalement je vais rejoindre ma propre destinée, qui m’est inconnue, ce qui est bien avec l’inconnue c’est que ça vous donne envie de ne jamais vous arrêter, de marcher ou courir, peut importe mais d’avancer, c’est jamais plié d’avance. La vie prend souvent une tournure bizarre, déroutante qui vous donne le tournis, vous indispose, jusqu’à vous affligez, vous essayez de comprendre quelque chose, mais ce n’est même pas la peine, vous n’y comprenez rien. Ces derniers jours je me suis rendu compte que je suis devenu un homme pressé, blasé, asphyxié par mon époque, j’ai pris la sale habitude de vivre dans l’urgence, je ne me reconnais plus, j’avais besoin de stopper, j’avais besoin de cette parenthèse utile, une parenthèse est souvent indispensable dans ces successions d’évènements souvent angoissantes et intenses qu’on appelle péniblement l’existence. J’ai arrêté de vivre, j’avais exilé ma joie de vivre dans les profondeurs de mon indifférence, j’ai rompu avec la simplicité du plaisir et de l’instantané. Puis hier comme un coup de massue, j’ai ressenti une sensation désagréable que j’ai connu il y a fort longtemps avec des symptômes identiques : estomac noué, cœur brûlant, l’appétit qui vous lâche sans raison apparente, la cause n’est pas vraiment importante dans ce genre de situation, c’est surtout comment en sortir qui importe; un mélange rance de tristesse, de rage, de colère et d’apathie qui ressemblerait à un début de déprime, vous ne savez pas lequel des quatre sensations contrôler en priorité. Bizarrement, je m’en tire bien, il y a ceux qui noient courageusement leur mal être dans l’alcool, d’autres en tirant un coup aux putes, les plus fragiles vont claquer toutes leurs économies chez plusieurs psys, moi j’ai fait différemment les choses, j’aime les mots alors j’avais lu quelques versets dans la bible, qui m’ont fait du bien, plus que du bien, très efficace, l’effet placebo des chrétiens selon les agnostiques, j’ai recouvert une certaine lucidité que j’ai maladroitement perdu depuis quelques temps. Voilà je pars au paradis avec une sérénité qui m’est étrangère, je retrouve le sourire, le calme, la plénitude de l’esprit, je commence à refaire le tri dans mes idées, à faire l’inventaire, dresser des listes, décanter, filtrer, tout s’entremêle, tout s’entrechoque dans le bouillonnement de mes pensées, l’essentiel émerge, se précise, s'agite, se distingue devant la blancheur de ma nouvelle lucidité. Je prends le temps d’écrire, c’est cela être équilibré peut-être. J’ai arrêté de me poser des questions en espérant poser mes valises non loin du paradis. Fort probable que je croiserai Eve, l'autre.