dimanche 26 avril 2009

Silence on tourne!!!



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A votre avis quel point commun y-a-t-il entre un fromager, un directeur de festival international, un musicien insatisfait et un homme de marketing ? Le hasard de s’être retrouvé au même endroit au même moment.

Jeudi dernier, Je déjeunai avec quelques amis au "sakamanga" (le QG du midi) en marge de la rencontre nationale des films courts. Je voulais vaquer à mes occupations ordinaires, m'oxygéner par la culture, et m’ouvrir au cinéma malgache (le vrai bien sur !! mes compatriotes mescomprendront), qui se cherche encore, et aussi d’ailleurs. Je me rends compte que ces dernières années, j’ai absorbé trop de déchets culturelles, le genre de bouillis immonde que l’on vous sert avec cynisme et que vous consommez aveuglement avec docilité. Alors que je devisais tranquillement avec le fromager et le musicien insatisfait, S.P, (normand j’imagine), jean usée, pull moulant noire, écharpe en coton nouée à la gorge, bouille de rockeur des années 80, vient nous saluer avec la plus grande aisance, plutôt cool comme mec, le genre de gars qui sait déjà qu’on sera pote dans même pas une heure. Etonnés sur le coup, mes amis et moi. Plus tard dans la soirée, nous sommes déjà au Mojo (le QG du soir) avec l’homme à l’écharpe entrain de refaire le monde, comme si nous nous étions connus depuis belles lurettes. Evidemment lorsqu’on parle musique, cinéma, forcément ça rapproche, et l'alcool servant de liant. J’apprends plus tard qu’il est le Directeur du festival du cinéma « off-courts » de Trouville (pour les incultes c’est en Normandie !!). Il s’est rendu à Tana pour être l’invité d’honneur de la rencontre nationale des films courts.
Qu’est ce que j’en ai retiré de ces trois jours (plutôt cinq jours en réalité mais faut bien que je travaille !!) de festivals ? J’ai appris que le cinéma malgache en 35 mm a commencé en 1937 et s’est arrêté en 1996. Plus de salle de projection, plus de film. Les salles de diffusion clandestion, les fameux vidéo clubs font desormais la razzia. En soixante ans, 60 films (Je cite entre autres Ilo Tsy very, Dahalo Dahalo… ) ont été réalisés (toujours en 35 mm), aujourd’hui les réalisateurs se sont tous mis aux numériques, ce qui explique l’inflation inquiétant de productions ( presque tous médiocres), tout le monde s’improvise Spielberg. J’ai quand même eu la tentation ridicule de comparer le nombre de production malgache avec le nombre de film français réalisé et produit dans la même période. Rien que dans la décennie 1930 à 1940, il a été réalisé 190 français, ce qui équivaut à trois fois plus ce que nous avons réalisé en six décennies, c’est assez effroyable, mais restons en là pour la comparaison, pas envie de jouer les masos et comparer ça sur les six décennies. Tout est relatif bien heureusement. Il ne faut pas non plus oublier le sort parfois difficile de ces productions malgaches, voués à la censure, leur thème souvent subversif, provocateur et très engagé politiquement leurs ont rendus rarement la vie facile, j’ai cru d’ailleurs apprendre qu’un film que j’ai pu voir très jeune qui s’intitule Rasalama, qui traite de l’histoire des protestants martyrs est interdit de projection actuellement à cause du contexte politique, c’est assez navrant.

Les films en compétition me semblaient tous assez intéressants. Je fus d’ailleurs assez surpris de la qualité non seulement technique, mais également de l’esthétique de l’image, de la simplicité des scénarios, et d’une certaine poésie dans quelques réalisations présentés. Le Jury n’a pas eu beaucoup de difficultés à trancher sur les vainqueurs, les choix furent évident, quelques réalisations se sont tout simplement démarqués par leur efficacité, j’ai apprécié particulièrement un court qui s’est intitulé le cinéma du pauvre, qui a d’ailleurs pour le scoop, gagné le premier prix de la rencontre. Pas de pitch. Juste une histoire burlesque qui s’est construite autour d’un briqué à torche, comme quoi les malgaches peuvent être dotés d' un humour universel.

Ce qui m’a semblé déplorable dans la soirée de clôture c’est l’absence lancinant d’un certains nombres de responsables culturels et artistiques (Directeurs de média et presse, directeurs de production multimédia, directeur de label musicale….etc). Leur présence aurait eu une signification toute particulière pour cette jeune industrie en plein balbutiement. Je m’interroge parfois quel intérêt ces individus portent réellement pour la culture.


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