samedi 8 mars 2008

Retrouvaille (Round 3)......aprés expulsion!!!

Aujourd'hui A me lance une question :" Alors M. Combien de temps t'es pas rentré? je lui réponds presque huit ans..... il m'interrompt par une boutade:" Ah l'expulsion est intervenu plutôt!!!"..
En rentrant à la maison cette plaisanterie m'a fait énormément réfléchir, puisque elle est le reflet d'une certaine imagerie collective sur notre diaspora qui décide de faire son "alya".
Pour ce qui me concerne, j'ai le sentiment de m'être auto-expulsé face à un système hypocrite muré dans ses contradictions, c'est la France, tu l'aime ou tu l'a quittes, moi je l'aime mais je la quittes. Le choix ne fut que trés simple et peremptoire. Je n'epiloguerai pas sur le fonctionnement de l'administration française puisque je n'en ai aucune legitimité ainsi que les raisons précises de mon départ. Néanmoins, trop orgueilleux et trop vaniteux pour vivre comme un sous-citoyen, cette exigence viscérale de liberté et de ne jamais soumettre mon existence à une quelconque médiocrité m'a fait commettre l'imprévisible: partir en toute dignité ou partir comme un voleur c'est selon chacun sa version. Cela ne se discute pas. Ce fût sur cette boutade quelque peu instructive que s'est achevé le troisième round de "mes retouvailles aprés mon expulsion".

Les retrouvailles sont toujours des moments excitants. Elles le sont d'autant plus quand la séparation a duré presque une décennie. Ca ressemble à des préliminaires, faire durer le plaisir au maximum. Je vis ces instants avec délectation. Les retrouvailles sont des moments rares et l'impatience qui précède ces prochaines heures intenses sont souvent pénibles. Ce que je trouve particulièrement intéressant dans ce type de circonstance c'est de me redecouvrir à travers le prisme de nos souvenirs communs: "de quelle nature étais-je autrefois?".
Nous étions réunis chez H., Villa Cherry Bourg, Ivandry, Quartier bourgeois, le neuilly tananarivien, un petit comité presque restreint,dirais-je. H, S, H1, L, H, MN dit B.O.B ou B.T.B.L. et H2 furent présent, il manquait H3 le débauché, Il nous a laissé en plan.
Nous nous étions attablés autour d'un repas cuisiné par H. Un bon repas entretient toujours la conviviliaté. Autrefois nous avons déjà coutume de nous retrouver pour ripailler allègrement. Nous n'avons pas déroger à cette règle séculaire. Nous n'avons rien changé de nos anciennes habitudes: chambrage, plaisanteries et vacheries légères quelque peu dénuées d'esprit étaient au menu, j'ai joué ma partition comme il le fallait, c'est un rôle que je me suis attribué à une époque et un âge où le besoin d'exister et d'être reconnu étaient vitale. Aujourd'hui j'ai évolué, je veux faire exister les autres (certains malheureusement ont en encore besoin) et la reconnaissance n'est plus un besoin vitale ni même secondaire, c'est un accessoire sociale dont je peux bien me passer.
Notre époque est celle où l'on attend de nous que nous soyons "quelque chose" et non "quelqu'un", celui qui fait ceci ou cela, disposé à satisfaire leur égoïsme primaire. Quant à mes camarades, ils n'ont pas vraiment changé. Certes les années ont eu raisons de leurs corps athlétiques. Mais ils n'ont pris aucune ride, le stress du boulot ou la pression archaïque de la société malgache sur le moindre de leurs faits et gestes n'ont pas altérés leur bonne humeur ainsi que leur joie de vivre. L'apparence dit-on est trompeuse, par paresse je m'y fierai.

Une existence faites de retrouvailles me parait une idée intéressante, il va falloir que j'envisage de m'absenter souvent et longtemps.



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