samedi 7 juin 2008

Humeur du Samedi

Il y a quelques jours à peine, quelques lecteurs assidus de ce blog - je les en remercie d'ailleurs - m'ont souvent demandé si j'avais arrêter cette entreprise bloggesque,(pardonnez moi ce néologisme barbare), qui n'en est pas encore à sa première année, j'étais embarrassé quant à l'idée de leur expliquer que je ne disposais pas en ce moment de l'inspiration féconde qui était mienne quelques mois auparavant. En réalité je doute fort que mon problème ait une quelconque relation avec ce carburant volatile qu'est l'inspiration - à vrai dire je ne conçois pas l'écriture comme étant une activité fluctuante soumise à la volatilité de mon inspiration. Ecrire n'est pas spéculer et je trouve intéressante cette analogie avec la bourse, écrire est un exercice laborieux et ne doit nullement s'effacer au gré de nos inspirations - il s'agit plutôt ni plus ni moins de cette espèce de lassitude profonde qui resurgit et me saisi dans mes moments de doute et d' incertitude, c'est humain me dira-t-on mais ce serait trop simpliste comme explication. L'écriture est un exutoire jouissif et je ne peux me dérober aussi aisément à cette légère excuse.
Ma lassitude n'est jamais anodine, je l'ai toujours justifié, l'auto-justification est un de mes défauts - cause d'énervement pour les autres- que j'assume ouvertement; de toute façon qui le feras mieux à ma place?
Une existence linéaire, j'en veux pas de cette forme de vie ennuyeuse et insipide, qui malheureusement complait à un certain type d'individu. Jusqu'à présent j'ai emprunté volontairement ou accidentellement des chemins imprévisibles, où seuls la passion absolue des gens et des choses, ainsi que les émotions profondes m'ont servi de boussole. Cependant étrangement ces derniers jours, j'ai tendance à glisser dans une espèce de léthargie insidieuse, ce n'est pas faute d'avoir une vie riche et bien remplie, par ailleurs je n'estime pas être à plaindre en comparaison des quatre vingt pour cent de la population de mon pays qui n'ont que leur bol de riz du matin, midi et soir comme perspective et raison de vivre, comme la majorité d'entre eux, je me plains aussi de la flambée du pétrole, et j'appréhende la probable crise alimentaire, mais j'ai ce privilège d'être mieux loti; j'ai monté ma boite (prix de mon indépendance), j'ai des projets plein la tête ( je souffre d'une boulimie aiguë d'idée à la minute), j'avance dans mon manuscrit (j'ai commencé à écrire il ya quelques temps une longue chronique sur la vie mondaine et de sa vanité ), j'ai retrouvé ma famille ( les piliers) ainsi que mon premier cercle d'amis (enfin ce qui en reste malheureusement), j'ai une vie mondaine modéré qui semble me convenir, sur le papier tout me semble indiquer une vie correcte et normal, justement c'est là où les choses me posent problème, tout cela me semble trop lisse, ces dernières années j'avais pris l'habitude de vivre dans une certaine urgence, dans des situations trop souvent inhabituelles, où se confondaient le présent et l'avenir, aujourd'hui déplorablement ma vie tend à se conjuguer au passé, ressemble à un cirque sans bozo le clown, certes les contextes sont différents mais j'ai aujourd'hui le sentiment d'être complètement largué, inadapté à mon environnement, rappelons que cet environnement c'est le premier moule où je fus formaté, je suis pourvu de cet ADN commun et singulier de tout tananarivien, emprunt de suffisance grotesque et d'arrogance débile propre aux insulaires, cet environnement n'a jamais réellement connu d'heure de gloire, il a toujours vécu en marge des grandes mutations modernes et culturelles, il prétendait toujours avoir tout compris sans avoir jamais rien saisi. Dois-je toujours dépendre d'un contexte? Ma vie doit-elle être tributaire d'un environnement particulier? face à ce choix cornelien, soit je m'en acommode au risque de finir aussi ordinaire que de croiser une meute de jeunes prostituées dans toutes les discothèques de Tana, soit je me fais violence en réinjectant dans ma vie un brin de folie, une once d'excentricité qui sont les éléments vitaux de ma régénération. Il me faut trouver ce catharsique qui puisse me purger de cette enveloppe apathique, rendre mon existence insoluble aux vives aspérités de mon environnement, il me faut vivre tout simplement avec la plus grande liberté.





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